Les jésuites ont élu leur nouveau «pape noir»
Article publié le 21/01/2008 le figaro


Comme ses deux prédécesseurs, Adolfo Nicolas est un Européen formé en Orient. Crédits photo : AP

L'Espagnol Adolfo Nicolas, 71 ans, dont 46 passés au Japon, gouvernera les 19 000 membres de la Compagnie de Jésus.

Expérience internationale et parfaite connaissance de l'Asie, spécialiste des relations entre le christianisme et les autres cultures, doux et sociable, c'est le profil du nouveau préposé général des jésuites.

Adolfo Nicolas, 71 ans, dont 46 passés au Japon, a été élu samedi, à Rome, après deux tours de scrutin, par les 217 jésuites électeurs de la 35e congrégation générale de la Compagnie de Jésus. Immédiatement averti, Benoît XVI a accepté le choix de cet Espagnol qui devrait nor­malement gouverner les 19 000 jésuites jusqu'à la fin de ses jours.

Le 29e successeur d'Ignace de Loyola, fondateur de la compagnie, était jusqu'à présent à la tête de la conférence des jésuites d'Asie de l'Est et d'Océanie. Il succède au père Peter Hans Kolvenbach, 80 ans,

 un Néerlandais élu en 1983, mais démissionnaire. Le nouveau «pape noir» est entré chez les jésuites en 1953. Formé à Madrid, à Rome et à Tokyo, il a été aux Philippines entre 1978 à 1984, avant de revenir au Japon dont il fut le provincial de 1993 à 1999. Après avoir passé quelques années en Corée du Sud, un pays où la communauté jésuite est particulièrement dynamique, il s'occupait ces derniers temps du sort des immigrés dans la périphérie de la capitale japonaise.

Sa parfaite connaissance de l'Asie, des rouages de la compagnie et de ses relations avec le Saint-Siège en 1994, il fut le secrétaire général de la dernière grande réunion des jésuites à Rome fait que le père Nicolas répond au profil dessiné par les jésuites avant l'élection. Ils n'ont pas fait le choix de la rupture en choisissant un général indien ou sud-américain.

En perte de vitesse en Europe

Comme ses deux prédécesseurs, c'est un Européen formé en Orient. Peter Hans Kolvenbach était au Liban, et le père Pedro Arrupe, qui, après le concile Vatican II, géra la crise interne de la compagnie et les relations extrêmement tendues avec la papauté, était lui aussi un Espagnol, Basque installé au Japon.
Ce choix répond aussi au contexte actuel de la Compagnie de Jésus. Fondée en Europe au XVIe siècle, elle est en perte de vitesse sur le Vieux Continent. Mais si 30 % des jésuites sont aujourd'hui en Asie, 

leur centre névralgique reste bien à Rome. Il revient donc à Adolfo Nicolas de gérer des relations encore parfois tendues entre les jésuites et le Pape. Benoît XVI leur a effet demandé de respecter l'obéissance qu'ils lui doivent et leur «adhésion totale à la doctrine catholique, en particulier sur des points névralgiques fortement at­taqués aujourd'hui dans la culture séculière» : le syncrétisme, «certains aspects de la théologie de la libération» entachée de marxisme, la morale sexuelle, l'indissolubilité du mariage et la question homosexuelle. Sur les sept derniers théologiens qui ont fait l'objet d'une enquête ou d'une condamnation du Saint-Siège, quatre étaient jésuites.

Source : le figaro

Commentaires